Aboulie, asexualité et perte du désir : comment retrouver une sexualité apaisée ?
« Suite à une relation de 4 années qui a mal fini, je souffre désormais d’aboulie (trouble du désir et de la volonté), voire d’asexualité (plus aucun désir sexuel pour les hommes). Je vous écris pour savoir si vous connaissez des thérapies ou des moyens de remédier à cela pour retrouver une sexualité consentie et responsable avec un homme. »
Ce témoignage met des mots sur une expérience plus fréquente qu’on ne le croit : la perte du désir après une rupture difficile.
Mais quand cette perte de motivation s’étend à d’autres domaines de la vie et qu’elle s’accompagne d’un désintérêt sexuel profond, on parle parfois d’aboulie ou d’asexualité situationnelle.
Dans cet article, nous allons explorer ce que recouvrent ces deux notions, comment les différencier, et quelles pistes thérapeutiques peuvent aider à retrouver un rapport apaisé au désir, à soi et à la sexualité.
Qu’est-ce que l’aboulie ?
L’aboulie est un trouble de la motivation et de la volonté. Elle se manifeste par une grande difficulté à agir, à se mobiliser ou à désirer quoi que ce soit.
Elle peut toucher la vie quotidienne, professionnelle, affective… et bien sûr, la vie sexuelle.
Ce trouble peut être lié à des pathologies psychiatriques (dépression, schizophrénie, burn-out, narcolepsie…) ou apparaître suite à un choc émotionnel important, comme une rupture douloureuse, un deuil ou une trahison.
Dans ce cas, il s’agit souvent d’une aboulie réactionnelle, c’est-à-dire une réaction psychique de protection face à la souffrance.
Asexualité, aboulie : quelle différence ?
L’asexualité n’est pas un trouble. Il s’agit d’une orientation sexuelle, caractérisée par l’absence d’attirance sexuelle envers autrui.
Certaines personnes se reconnaissent asexuelles depuis toujours ; d’autres le deviennent après un traumatisme ou une période de rejet du désir.
La différence principale réside dans la souffrance ressentie :
-
Dans l’asexualité, la personne ne souffre pas de l’absence de désir.
-
Dans l’aboulie, cette absence de désir est source de détresse, de culpabilité ou de frustration.
Pourquoi le désir s’éteint-il après une rupture ?
Après une séparation difficile, il est fréquent de traverser une phase de désinvestissement émotionnel et corporel.
Le corps se protège, le mental se ferme, et le désir s’efface pour éviter de revivre la douleur.
Cela peut devenir un mécanisme de défense, inconscient mais puissant.
Certaines personnes décrivent ce sentiment comme une déconnexion entre le corps et l’esprit : le corps ne répond plus, la tête non plus.
Les pistes thérapeutiques pour raviver le désir
Chaque situation est unique, mais il existe plusieurs approches thérapeutiques efficaces selon la cause du trouble :
Thérapie TIPI (Technique d’Identification des Peurs Inconscientes)
Développée par Luc Nicon, cette méthode permet de désactiver les blocages émotionnels inconscients à l’origine de certaines inhibitions.
Elle aide à reconnecter le corps à ses ressentis et à rétablir une forme de spontanéité émotionnelle et corporelle.
Thérapie Mosaïc
Basée sur les mouvements oculaires et stimulations bilatérales, cette approche vise à intégrer des expériences traumatiques et à réduire les réactions de peur ou de rejet.
Elle est particulièrement utile lorsque la perte du désir fait suite à un traumatisme affectif ou sexuel.
Sexothérapie
Accompagnée par un.e sexologue, elle permet d’explorer les croyances, les peurs et les conditionnements liés au plaisir, à l’intimité ou à la performance.
C’est aussi un espace sécurisant pour parler du rapport au corps et du consentement.
Suivi psychiatrique
Si l’aboulie est associée à une dépression ou à un autre trouble psychiatrique, un suivi médical avec éventuellement un traitement médicamenteux peut être nécessaire.
Comment recréer un lien de confiance avec soi-même ?
Avant de penser à “retrouver du désir”, il est souvent nécessaire de réapprendre à s’écouter.
Cela peut passer par :
-
Des activités corporelles douces (yoga, danse, méditation, marche)
-
Un travail d’ancrage et de reconnexion sensorielle
-
Des moments sans pression, sans objectif sexuel
L’idée n’est pas de “forcer” le désir, mais de laisser le corps se réouvrir, petit à petit, à la possibilité du plaisir et du lien.
Questions fréquentes
→ L’aboulie peut-elle disparaître d’elle-même ?
Oui, dans certains cas, notamment lorsqu’elle est réactionnelle. Un accompagnement peut accélérer la récupération.
→ L’aboulie peut-elle toucher uniquement la sexualité ?
Oui, certaines personnes gardent une motivation dans la vie quotidienne mais perdent leur élan sexuel.
→ L’asexualité peut-elle être temporaire ?
Oui, on parle alors d’asexualité situationnelle. Elle peut évoluer avec le temps et la thérapie.
→ Comment savoir si je suis asexuel.le ou en aboulie ?
L’indicateur clé est la souffrance ressentie. Si l’absence de désir vous pèse, c’est plutôt une aboulie. Si elle vous semble naturelle, cela peut être une asexualité.