Education sexuelle

Éducation sexuelle à l’école : parler pour comprendre, pas pour inciter

Cela fait quelques semaines que les enfants ont repris le chemin de l’école, et avec cette rentrée ressurgiront les polémiques sur l’éducation sexuelle. Comme si parler de sexualité, c’était parler de pratiques, ou pire, pousser à l’acte.

Il est temps de rappeler une chose simple : l’éducation sexuelle, ce n’est pas inciter, c’est expliquer.

Une question de science, pas de morale

Prenons l’exemple de l’origine des bébés.
Dans de nombreux livres pour enfants, on continue de lire qu’il faut un papa et une maman pour faire un bébé (il serait préférable de dire une femme et un homme). Bref.

Pourtant, il a fallu des milliers d’années à l’humanité pour comprendre qu’il fallait un spermatozoïde et un ovocyte. L’évidence d’aujourd’hui a longtemps été un mystère.

Entre la cigogne ou l’arbre à bébés, les hypothèses magiques ont longtemps eu la cote. Ce n’est qu’en 1827 qu’un chercheur allemand, Karl Ernst von Baer, a identifié ce qu’on appelle aujourd’hui l’ovocyte. Jusque-là, on pensait que les femmes « pouvaient pondre » seules, ou que les spermatozoïdes contenaient déjà des bébés miniatures.

Parler d’éducation sexuelle, ce n’est pas rompre une innocence. C’est donner des clés pour mieux comprendre le corps, la relation, le consentement, et faire un peu de place à la science dans un monde saturé de fictions.

Petite histoire de l’éducation sexuelle à l’école

L’éducation sexuelle, telle qu’on la connaît aujourd’hui, a une histoire relativement récente.

  • Au début du XXe siècle, les premières initiatives apparaissent dans certains pays européens, souvent liées à la prévention des maladies vénériennes. La sexualité est alors surtout abordée sous l’angle médical et hygiéniste.

  • Dans les années 1960–70, avec l’évolution des mœurs et l’émergence des mouvements féministes, l’éducation sexuelle se transforme. Elle inclut des notions de contraception, de grossesse, mais aussi de relations égalitaires et de respect.

  • En Suisse, l’éducation sexuelle s’est structurée progressivement à partir des années 1970, portée à la fois par les milieux médicaux et pédagogiques. Les débats ont souvent été vifs, oscillant entre défense de la protection des jeunes et crainte d’une « incitation ».

  • Aujourd’hui, dans de nombreux pays, l’éducation sexuelle est intégrée aux programmes scolaires, avec des thématiques élargies : puberté, consentement, respect des orientations sexuelles, égalité de genre, prévention des violences.

En d’autres termes, ce n’est pas une lubie récente. C’est une construction progressive, répondant à un besoin de santé publique et d’éducation citoyenne.

Point Cul-ture G 

Charles Bonnet (1720–1793), naturaliste et philosophe suisse, a longtemps marqué les débats scientifiques sur la reproduction. Il défendait la théorie de la préformation et de la parthénogenèse, selon laquelle l’origine des bébés suivait le même processus que les poules et leurs œufs : tout était déjà « préformé » dans l’ovule.

Une théorie aujourd’hui abandonnée, mais qui illustre combien la compréhension de la reproduction humaine a été longue, chaotique et traversée de croyances.

En résumé : l’éducation sexuelle à l’école n’enlève rien, elle ajoute des clés de compréhension. Elle ne fabrique pas des comportements, elle donne des repères. Elle n’abîme pas l’innocence, elle prépare à la vie.

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