Plaisir, de Maria Hesse

B.D’été #8 : Là où y a de la gêne y a pas de plaisir

Le Plaisir de Maria Hesse : une BD intime, féministe et nécessaire

Publié en 2020 aux éditions Presque Lune, Le Plaisir est un ouvrage à part dans la bande dessinée contemporaine. Maria Hesse, illustratrice espagnole reconnue, y explore la sexualité féminine sous un angle à la fois personnel, artistique et politique. Le résultat : un livre audacieux, sensible, documenté — et absolument captivant.

Une autobiographie sexuelle et sensorielle

Avec Le Plaisir, Maria Hesse raconte son propre parcours sexuel : une éducation limitée à quelques clichés (le préservatif sur la banane), une découverte tardive de son corps, un rapport complexe à la pornographie, au sexe oral, aux sextoys, au désir.

Mais là où beaucoup d’ouvrages sur la sexualité versent dans le didactique ou le voyeurisme, Hesse choisit la nuance, l’émotion et la sincérité. Elle évoque ses expériences sans tabou, avec un regard à la fois tendre et critique, et surtout avec une immense liberté de ton.

C’est aussi un récit politique. En parlant de sa « petite prostate » ou en interrogeant l’étymologie du mot « vagin » (issu du latin vagina, signifiant fourreau), l’autrice démontre combien le corps des femmes a été façonné par une vision androcentrée — et combien il est temps de s’en affranchir.

Une mise en images délicate et puissante

Le style graphique de Maria Hesse est immédiatement reconnaissable : lignes fines, figures féminines stylisées, couleurs pastel aquarellées. Le tout crée une atmosphère presque onirique, douce et pourtant percutante. Chaque planche est une œuvre en soi, soutenant le propos avec grâce et force.

Le livre est aussi truffé de références culturelles et historiques : Cléopâtre, Mata Hari, Anne Sexton, Simone de Beauvoir, Betty Dodson, Helen O’Connell… Ces femmes, pionnières du plaisir ou penseuses du corps, jalonnent le récit comme des figures tutélaires. Hesse ne les convoque pas comme un manifeste figé, mais comme des complices de réflexion et de liberté.

Et, clin d’œil final à cette liberté, l’ouvrage se termine par une recette de tortilla espagnole. Parce que, parfois, le plaisir passe aussi par la cuisine.

Portrait de Maria Hesse

Maria Hesse est née à Huelva, en Espagne, en 1982. Diplômée en éducation artistique, elle commence sa carrière dans l’édition jeunesse avant de se tourner vers la bande dessinée autobiographique. Elle est notamment l’autrice d’ouvrages remarqués comme Frida Kahlo : Une biographie dessinée, Bowie ou encore Marilyn, où elle mêle portraits de figures mythiques et réflexion personnelle.

Avec Le Plaisir, elle s’inscrit dans une lignée d’autrices féministes qui remettent en question les normes sexuelles, les tabous corporels et l’invisibilisation du désir féminin. Son travail est reconnu pour sa finesse narrative, sa richesse visuelle et sa capacité à aborder des sujets intimes avec une grande délicatesse.

Une bande dessinée à lire, relire, et partager

Accessible, esthétique, engagée, Le Plaisir est bien plus qu’un livre sur la sexualité. C’est un outil d’éducation sexuelle, un espace de réflexion pour toutes les générations, un manifeste doux pour le droit à l’exploration, au désir, à l’autonomie. À lire seul·e, en couple, ou même avec des adolescent·e·s.

Et bonne nouvelle : un exemplaire est à gagner sur le compte Instagram @norahlounas, dans le cadre du podcast BD’été. Ne ratez pas l’occasion.

FAQ autour du plaisir

Que signifie « plaisir » ?

Le plaisir désigne une sensation agréable, une émotion positive ressentie lors d’une expérience physique, émotionnelle ou intellectuelle. Il peut être sensoriel (manger, toucher), affectif (être aimé), esthétique (regarder une œuvre), ou sexuel. C’est un moteur fondamental du comportement humain.

Quels sont les différents types de plaisir ?

On distingue généralement :

  • Le plaisir physique (lié aux sensations corporelles, dont le plaisir sexuel)

  • Le plaisir psychologique (liés aux émotions : joie, amour, apaisement)

  • Le plaisir intellectuel (lié à la compréhension, à la curiosité, à la créativité)

  • Le plaisir esthétique (lié à la beauté, l’art, la musique)

  • Le plaisir social (relations, reconnaissance, appartenance)

Quelle est la définition philosophique du plaisir ?

En philosophie, le plaisir est souvent analysé dans le cadre de l’éthique ou de la quête du bonheur. Pour les hédonistes (comme Épicure), le plaisir est le but de la vie, mais il s’agit d’un plaisir mesuré, fondé sur l’absence de souffrance. Pour d’autres courants, il doit être encadré par la raison, la vertu, ou confronté à la souffrance. La psychanalyse (Freud) introduit aussi la notion de principe de plaisir comme moteur fondamental de l’inconscient.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut